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Le marathon en 2h27 !
Maitre François Le Palud, un notaire qui court plus vite que son ombre !

Il y a 50 ans, un notaire marathonien était sans doute une antithèse, pour l’anniversaire de l’Annuaire Officiel du Notariat, l’interview de Me Le Palud, nous prouve que les notaires ont bien changé entre 1972 et 2022.

Dans cette étude élégante du Trocadéro, en fin de journée, lorsqu’on aspire à tomber le masque, Maître François Le Palud vient me chercher dans la salle d’attente. Je commence à comprendre que je viens interviewer un vrai sportif, lorsque, trottinant derrière lui dans l’escalier, il est déjà hors de ma vue, ayant monté les marches 5 par 5, sans effort apparent.

Lorsque nous nous sommes installés dans la vaste salle de réunion, il me dit avoir couru le marathon en 2h27*…

Ce qui me frappe, de prime abord c’est l’attitude réservée et presque timide de ce garçon fin et de haute taille, visiblement taillé pour la vitesse mais peut-être moins pour parler de lui..

Je lui offre l’édition 2021 de l’annuaire, et lui demande s’il connait cet outil, l’apprécie et l’utilise.

Oui, même si ce n’est pas tous les jours, je le compulse essentiellement pour y trouver les prédécesseurs des autres études. Il n’y a pas d’équivalent puisque qu’aucun opus ne recense autant d’informations en un seul lieu. J’aime bien avoir la version papier sur mon bureau, sans doute plus rapide à consulter lorsqu’on en connait le maniement.

Parlons de vous, Vous êtes un grand sportif et pour un premier marathon, votre temps est vraiment bon… On peut parler de niveau national ! Est-ce un don ?

Non, c’est un bon niveau régional, je trouve mon interlocuteur modeste, mais il n’y a aucune trace de forfanterie, ni même de second degré dans sa réponse. Il continue, non, ce n’est pas un don, c’est une passion, cela fait des années que je pratique la course à pied, que je m’entraîne quasiment quotidiennement. J’ai d’ailleurs toujours pratiqué du sport. J’ai des prédispositions à aimer l’effort, le dépassement, c’est effectivement un travail, mais pas une souffrance, c’est un plaisir, un exutoire…

Je considère aussi que cela crée du lien, certes j’appartiens à un club, mais je cours souvent avec des amis. Cela m’a permis de me créer un réseau important.

Est-ce pour vous une nécessité absolue ?

Oui dans le sens où cela fait partie intégrante de ma vie, j’ai besoin de me dépenser tous les jours, de fournir un effort d’endurance. La course n’est d’ailleurs pas une fin en soi, mais un moyen possible pour atteindre ce grisant sentiment de liberté. Cela pourrait passer par un autre sport. Je suis naturellement plutôt porté sur la pratique du triathlon. Mais à Paris, avec mon travail, ce n’est pas simple à mettre en place.

Combien avez-vous couru de marathons ? Quelles autres compétitions ?

Un seul marathon, celui de Valence, cet automne…Sinon des triathlons, des cross l’hiver et des 1500 m et 5000 m sur piste l’été. Mes performances sont plutôt régulières, comparables à celle du marathon. Je ne tiens pas à me lancer sur de longues distances, type ultratrails, en effet cela ne mobilise pas les mêmes fibres musculaires et nécessiterait un entrainement différent. Je peux encore me permettre à mon âge, de faire des courses de résistance lactique, nécessitant un travail de vitesse. Mon entraîneur, Jean Le Vaillant, ne me voit pas encore dans les courses d’ultra endurance.

Des projets ?

Oui peut-être l’Ironman d’EMBRUN** cet été pour le défi personnel, et battre mes chronos sur piste et sur route (10km et semi-marathon).

Passons à votre métier, pourquoi notaire ? Une vocation ? Un hasard ?

Rien de tout cela, plutôt une découverte progressive, j’avais des hésitations après le bac, mais comme j’avais été admis à sciences Po Paris, j’ai commencé par cela. Puis au moment d’opter pour une carrière du droit, après des stages, et soutenu par quelques professeurs, j’ai opté pour le notariat, plutôt que pour la magistrature ou la profession d’avocat. En effet, l’attrait pour une profession libérale et entrepreneuriale, ainsi que la défense du contrat plutôt que de l’individu ont fait pencher la balance vers le notariat, j’ai donc été diplômé en 2017 et nommé en 2019.

J’aspire à m’associer un jour. Pourquoi pas dans l’étude « Les Notaires du Trocadéro », dans laquelle j’ai fait mes débuts en 2014, année de mon premier stage.

Que pensez-vous de la loi Macron ? Du tirage au sort ?

Certes, cela a permis à de jeunes notaires de s’installer, alors qu’ils auraient peut-être mis plus d’années ou n’auraient jamais pu le faire. Néanmoins, je trouve surprenante l’instauration d’un tirage au sort au lieu d’un concours. Il n’y a donc plus de place pour la méritocratie. Et pour l’instant, nous n’avons pas assez de recul pour en connaitre les résultats. Le risque, à long terme, serait peut-être que ce tirage au sort ait dégradé ou nui à la qualité du service dans sa globalité.

Par ailleurs, je pense que c’est plutôt une bonne chose d’avoir limité la pratique notariale à 70 ans. Certes un peu difficile à admettre pour les notaires concernés, cela dit, j’y vois comme une sorte de sanction prononcée contre le notariat qui n’avait jamais vraiment pris les choses en main. Ils ont dû donc choisir cette limite…Pour moi, ce n’est pas nuire à la profession que d’obliger les plus « anciens » à céder leur place aux jeunes.

Pensez-vous allier le sport et le travail sans que l’un nuise à l’autre ?

C’est un équilibre à trouver, et si c’est le cas, l’un aide l’autre, pour l’agilité de l’esprit et la bonne forme physique. Ainsi, courir me permet de prendre du recul sur les dossiers, trouver parfois plus facilement des solutions, et comme j’aime mon métier et que cela se passe bien, je n’ai aucune pression vis-à-vis des compétitions, cela a même une influence positive sur mon entrainement, et me permet d’être « relâché » en course.

Êtes-vous une source de fierté pour l’étude ? Êtes-vous encouragé par vos patrons ?

Là, je sens que la question le gêne un peu…il hésite…

Oui, on pourrait le dire comme cela. Je travaille depuis très longtemps dans le service de Maître Séverine de la Taille, et elle m’a toujours soutenu. Je cours avec un dossard aux couleurs des Notaires du Trocadéro, et les associés ont pour projet d’installer une douche à l’étude pour me permettre de gagner du temps. Cela encourage peut-être mes collègues à s’y mettre, puisque certains d’entre eux se sont inscrits pour des semi-marathons. C’est aussi un moyen de donner une image dynamique de l’étude.

Il y a, selon moi deux visions possibles du « travailleur sportif » :

– Soit on imagine qu’il ne pense qu’au sport, et donc ne travaille pas assez, ou pas correctement
– Soit l’on se dit que c’est une complémentarité qui, au contraire permet une valorisation réciproque.

C’est sans doute cette dernière qui prévaut à l’étude.

Voilà, il est temps de partir, je laisse Me Le Palud retourner à son travail, avant qu’il n’aille chausser ses baskets de 7 lieues pour aller dévaler les escaliers du Trocadéro.…

Propos recueillis par Caroline Lambert

* Le champion du monde est un kenyan qui a couru en 2018, le marathon de Berlin en 2H 1mn et 39s. Au niveau mondial ltemps moyen est de 4 heures 13 minutes pour les hommes
**L’Embrunman, anciennement connu sous l’orthographe d’Embrun Man, est un triathlon très longue distance qui se court autour d’Embrun, dans les Hautes-Alpes, 3,8 km de Natation – 188 km de Vélo – 42 km de Course à pied